Une chasse aux sorcières et une enquête réciproque ciblent de hauts responsables kényans suite à l’annulation de la présidentielle

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NAIROBI, Kenya, 23 septembre (Infosplusgabon) - Le principal groupe de l’opposition au Kenya, la National Super Alliance (Nasa), a lancé une alerte vendredi en attendant la poursuite qu’elle envisage de lancer contre de hauts fonctionnaires de la Commission électorale indépendante, (Independent Electoral and Boundaries Commission (Iebc) au moment où des individus, partisans du parti au pouvoir, ont commencé à exercer des représailles contre des juges et fonctionnaires du tribunal impliqués dans l'annulation des résultats de l’élection présidentielle du 8 août.

 

Un juge de la Cour suprême, Isaack Lenaola, a également porté plainte contre l’opérateur de téléphonie mobile, Safaricom, pour avoir violé la vie privée en révélant des détails de son téléphone personnel au cours de l’audience du recours contre la ré-élection du Président Uhuru Kenyatta.

 

Kioko Kilukumi, à travers son agence juridique, Kilukumi and Company Advocates, a adressé une correspondance à la commission anti-corruption pour exiger une enquête contre le greffier de la Cour suprême, Esther Nyaiyaki, dans le rôle qu’elle aurait joué en fournissant des preuves ayant permis l’annulation de l’élection présidentielle.

 

Les juges de la Cour suprême ont annulé les résultats de l’élection qui avait consacré la victoire du Président Kenyatta avec 54% des suffrages exprimés devant son rival, Raila Odinga, qui obtiendrait 44% du vote, après avoir découvert que la Iebc ne tenait pas à fournir les informations exigées par la Cour et qu’il était difficile de prouver la manipulation des serveurs.

 

Au moment où un individu dénommé Rashid Mohammed est déclaré comme étant celui qui exigeait une enquête dans la tenue des greffes de la Cour suprême, le Jubilee Alliance Party (JAP), parti au pouvoir, avait également rédigé une lettre vendredi au directeur des poursuites ( Director of Public Prosecutions, (Dpp) demandant la poursuite des leaders de la Nasa.

 

D’après le secrétaire général du JAP, Raphael Tuju, le leader de la Nasa, Musalia Mudavadi, et l’avocat James Orengo devraient être tenus pour responsables d’avoir eu “un accès non autorisé’’ aux serveurs de la Commission électorale, Iebc.

 

La lettre de Tuju exige une enquête contre les responsables de la Nasa qui ont révélé des détails contenus dans les serveurs de l’Iebc bien que la commission électorale ait réfuté leur avoir permis l’accès, même si la Cour avait autorisé la vérification de son contenu.

 

Les leaders de la Nasa ont déclaré que les résultats dans les serveurs de l’Iebc prouvaient qu’Odinga était le véritable vainqueur de l’élection organisée le 8 août.

 

La Nasa a publié un avis de 72 heures sur son intention de mener une poursuite privée contre le président de l’Iebc, Wafula Chebukati, le directeur général de la Commission électorale, Ezra Chiloba, et ses hauts commissaires chargés des Technologies de l’Information, Abdi Guliye et Molu Boya, et le cadre supérieur Marijan Hussein. Les charges préparées par les avocats de la Nasa indiquent que les officiels étaient de connivence avec le JAP pour offrir à son  candidat, Kenyatta, une avance non méritée en violation de la loi électorale.

 

En cas de refus de la Dpp de poursuivre les individus, l’équipe de la Nasa allait lancer une poursuite privée contre eux tous. Les autres incriminés sont le directeur de l’informatique, James Muhati, Praxedes Tororey, le responsable juridique, et Moses Kipkogei, Betty Nyabuto et Immaculate Kasait.

 

Les accusations de complot montrent que les responsables ont volontairement enfreint la loi pour offrir une victoire électorale au Président Kenyatta, une action pour laquelle leur responsabilité individuelle est engagée.

 

“Tout cela indique que Kenyatta est déterminé à s’accrocher de toutes ses forces à son titre terni de président, quel qu’en soient le prix et les conséquences pour la nation”, a déclaré Odinga en réponse à l’accusation brandie par le Président Kenyatta contre la Cour suprême pour avoir annulé les résultats lui donnant la victoire à l’élection.

 

Le juge dissident avait déclaré en annulant le vote que l’opposition n’avait pas fourni de preuves pour étayer ses revendications et avait réitéré que suite à un examen approfondi des preuves fournies par l’opposition, elle avait échoué et que par conséquent l’élection aurait due être confirmée.

 

 

FIN/INFOSPLUSGABON/BID/GABON 2017

 

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