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Caravane côtière de la paix, une initiative traduisant l'aspiration des Libyens

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Tripoli, Libye, 15  janvier (Infosplusgabon) - Sous le slogan "la Libye nous unit", une caravane motorisée composée de centaines de jeunes libyens à bord de véhicules, s'est ébranlée samedi de Tripoli à destination de Ras Jedir à la frontière ouest de la Libye avec la Tunisie, longeant les villes côtières pour propager l'esprit de la paix et de la réconciliation entre les citoyens, illustrant l'aspiration de la population libyenne à la stabilité et à la construction d'un nouvel Etat démocratique.

 

Baptisée "Marche côtière ... pour la réconciliation et la cohésion", cette caravane qui s'est poursuivie ce dimanche a pour but, selon les organisateurs, de promouvoir l'union des Libyens et de les rassembler ainsi que de les inciter à laisser les armes, les combats pour œuvrer à la paix et la réconciliation afin de reconstruire le pays.

 

Brandissant des drapeaux blancs, les jeunes ont sillonné les villes et villages de la côte ouest notamment Zaouia, Mellita, Zouara, Aboukamach à bord des voitures sur lesquelles ont pouvait lire d'autres slogans appelant à la tolérance et à la préservation de la Libye.

 

Le ministère de l'Intérieur a assuré, via les Directions de sécurité dans les villes de l'ouest, la sécurisation de la caravane en accompagnant les participants depuis Tripoli jusqu'à Ras Jedir.

 

"Je souhaite que tous les Libyens s'unissent sous les drapeaux blancs, symboles de la paix et mettent la main dans la main pour construire le pays en s'éloignant des divergences, de l'effusion du sang et de la guerre afin de bâtir un pays paisible où règnent la paix et la sécurité pour tous", a affirmé Slah Abdeljaoued Fitouri, un des organisateurs de cette marche.

 

Selon lui, cette initiative vise à amener les Libyens partout sur le territoire du pays à opter pour la coexistence pacifique entre eux et à s'engager résolument vers un Etat civil doté d'institutions pérennes, ancrant l'alternative pacifique au pouvoir.

 

Abdelsalem Warfalli, un participant à la marche, a souligné que "tous les Libyens ont fait cohésion au cours de la marche et ont oublié toutes leurs divergences", soulignant que "la marche est une initiative du peuple et les participants ne sont affiliés à aucun parti ni ne sont les hommes de main d'aucune personnalité politique ou militaire". Il a ajouté que d'autres initiatives suivront sur la voie de la réalisation de la réconciliation entre tous les Libyens.

 

Cette caravane a été bien accueillie par les habitants des villes qu'elle a traversées, leur insufflant l'espoir qu'un jour ils verront bientôt le bout du tunnel après près de sept ans de chaos et d'affrontements armés.

 

La joie des populations reflète, en fait, le ras-le bol de tous les Libyens de cette situation d'instabilité qui perdure depuis sept ans dans le pays, le mettant au bord de la partition et décuplant les souffrances des  citoyens.

 

En effet, depuis la chute en 2011 du régime de Mouammar Kadhafi, la Libye est plongée dans le chaos ponctué par des affrontements armés dont les premières victimes sont les paisibles citoyens libyens qui subissent les enlèvements arbitraires, les tortures et autres intimidations de la part de groupes armés omniprésents qui font la loi sur le terrain en l'absence d'organes sécuritaires étatiques capables d'assurer l'ordre et la discipline.

 

A cette situation s'ajoutent les diverses crises que subissent les Libyens, notamment les coupures à répétition de l'électricité, de l'eau et les ruptures d'approvisionnement de l'essence qui donnent de longues files d'attente devant les stations des villes.

 

La pénurie de liquidité dans les banques où le citoyen libyen ne peut plus retirer son salaire en dépit des milliards de billets de banques imprimés par les deux banques centrales de la Libye, celle basée à Tripoli reconnue par la communauté internationale et celle installée à Beidha (Est) relevant du gouvernement intérimaire nommé par le Parlement libyen, dévoile l'ampleur de la crise économique dans laquelle est plongé le pays.

 

Cette crise économique se manifeste aussi par la chute du dinar libyen qui s'échange contre 8,23 dinars pour 1 dollar alors qu'il avait atteint jusqu'à 11 dinars au marché noir tandis que le taux officiel est de 1,34 dinar pour un dollar.

 

Cette réalité a influé sur le taux d'inflation qui a grimpé, flottant avec les 8% selon les dernières statistiques, ce qui a eu des impacts sur les prix des denrées alimentaires et des autres biens de consommation qui sont montés en flèche dans le pays.

 

En dépit de l'amélioration de la production pétrolière, principale source de revenus du pays, qui a atteint la barre du million de barils par jour après l'unification de la Compagnie nationale libyenne de pétrole (NOC), la conjoncture économique demeure toujours fragile, otage de l'insécurité et des affrontements entre groupes armés.

 

L'impact de la déconfiture de l'organisation Daech chassée de son fief à Syrte (centre), a été très limité car le chaos sécuritaire demeure toujours dans le pays où des affrontements armés éclatent souvent entre groupes armés rivaux.

 

Autre défi auquel est confronté la Libye est celui de l'immigration clandestine avec les vagues de migrants qui prennent d'assaut le pays sur leur route vers l'Italie. Ce phénomène constitue selon les autorités libyennes un autre fardeau qui vient s'ajouter aux énormes difficultés que rencontre le pays d'où les violations et autres excès qui peuvent être enregistrés à ce sujet.

 

Les allégations de la chaîne de télévision américaine sur l'existence de marché aux enchères d'immigrants vendus comme des esclaves, a mis au devant de la scène l'ampleur du phénomène d'immigration en Libye.

 

Sur le plan politique, c'est l'impasse totale dans le processus de paix parrainé par les Nations unies, étant donné que la situation est au statut quo.

 

Les brefs espoirs suscités par le plan d'action du Représentant spécial du Secrétaire général de l'ONU et chef de la Mission d'appui des Nations unies en Libye (USMIL), Ghassan Salamé, portant sur trois étapes s'étalant sur une année, n'auront duré que le temps que les pourparlers entre les protagonistes s'engagent dans l'impasse en raison des divergences entre eux.

 

On rappelle que le plan de sortie de crise onusien annoncé en septembre dernier comprend la révision de l'Accord politique, la tenue d'une conférence inclusive, l'adoption d'une nouvelle constitution et la tenue d'élections générales.

 

Même la récente tournée du secrétaire général adjoint aux Affaires politiques de l'ONU, Jeffrey Feltman, pour relancer le processus politique en insufflant une nouvelle dynamique au plan de sortie de crise n'a eu aucun effet.

 

Les entretiens ont permis au responsable onusien de réaffirmer l'engagement de l'ONU de soutenir la Libye et de l'aider à régler sa crise. Des paroles générales sans aucun apport ni incidence réelle sur le cours des choses.

 

En fait, tous les protagonistes libyens s'orientent vers l'organisation d'élections générales comme solution pour régler la crise en dotant le pays d'une nouvelle légitimité issue des urnes.

 

Cette option tout en étant susceptible de faire émerger une nouvelle légitimité en Libye ne garantit pas pour autant le règlement de la crise, estiment de nombreux observateurs.

 

Ils estiment qu'il existe des préalables qui doivent être réglés pour que la paix puisse se faire sur des bases solides et durables en Libye.

 

Selon ces mêmes observateurs, tant qu'il y a des armes qui circulent dans le pays, scindé en réalité en deux avec deux gouvernements et un Etat bicéphale, rien n'indique que les résultats des urnes soient acceptés ou que les institutions issues de cette légitimité puissent exercer leur autorité sur l'ensemble du territoire du pays.

 

C'est pourquoi, certains analystes craignent que la crise ne perdure encore davantage tant que les protagonistes n'auront pas réellement mis les intérêts du pays au dessus de toute autre considération et tant que les ingérences des pays étrangers n'auront pas cessé.

 

FIN/INFOSPLUSGABON/VCF/ GABON 2018

 

 

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